Sanoja: Francis Blanche. Le Chêne Et La Tortue.
Le chene un jour dit a la tortue
Que vous etes belle, que vous courez bien !
Votre voix qui m'est inconnue
Doit etre aussi fraiche que l'air du matin
La tortue, alors secretement flattee,
Aspira tres fort et se mit a chanter
Et le lievre dans le bois mouille
Pour l'entendre, cessa de brouter.
Mais helas la pauvre tortue
Ayant sans relache chante tout l'ete
Se trouva toute depourvue
A la fin d'automne sans rien a crouter
Elle alla trouver la cigale aux yeux verts
Poetesse cotee dont elle aimait les vers
Qui lui dit : "Non, j'ai ma locataire
La fourmi qui est dans la misere."
Alors le corbeau, le loup et l'agneau
Le coche et le chat et le souriceau
L'huitre et les plaideurs
L'aigle et le chasseur
Deciderent d'agir en sa faveur.
Et chacun s'en fut, l'ame emue
Faire a la tortue un present discret
Le renard offrit en partage
un peu du fromage
Qu'il avait vole
Le grand chene donna de ses glands par kilos
Le roseau donna la moelle de ses os
Et le lievre offrit a sa cons?ur
Une terrine de pate de chasseur
La fourmi donna des myrtilles
Et le rat des villes quelques ortolans
La cigale enfin convaincue
Donna a la tortue la cle de ses champs
A sa cour, le lion donna un grand gala
Tous heureux de vivre, on rit et l'on dansa
Mais les hommes ne s'entendaient pas
Le jour meme la bombe eclata
Du feu, du fer
Fumee dans l'air
Et ma fable s'arrete la.
Que vous etes belle, que vous courez bien !
Votre voix qui m'est inconnue
Doit etre aussi fraiche que l'air du matin
La tortue, alors secretement flattee,
Aspira tres fort et se mit a chanter
Et le lievre dans le bois mouille
Pour l'entendre, cessa de brouter.
Mais helas la pauvre tortue
Ayant sans relache chante tout l'ete
Se trouva toute depourvue
A la fin d'automne sans rien a crouter
Elle alla trouver la cigale aux yeux verts
Poetesse cotee dont elle aimait les vers
Qui lui dit : "Non, j'ai ma locataire
La fourmi qui est dans la misere."
Alors le corbeau, le loup et l'agneau
Le coche et le chat et le souriceau
L'huitre et les plaideurs
L'aigle et le chasseur
Deciderent d'agir en sa faveur.
Et chacun s'en fut, l'ame emue
Faire a la tortue un present discret
Le renard offrit en partage
un peu du fromage
Qu'il avait vole
Le grand chene donna de ses glands par kilos
Le roseau donna la moelle de ses os
Et le lievre offrit a sa cons?ur
Une terrine de pate de chasseur
La fourmi donna des myrtilles
Et le rat des villes quelques ortolans
La cigale enfin convaincue
Donna a la tortue la cle de ses champs
A sa cour, le lion donna un grand gala
Tous heureux de vivre, on rit et l'on dansa
Mais les hommes ne s'entendaient pas
Le jour meme la bombe eclata
Du feu, du fer
Fumee dans l'air
Et ma fable s'arrete la.
Francis Blanche